Le soleil se couchait, lentement, projetant sa lumière rouge et vive sur l'herbe grasse qui prenait alors un éclat sang. L'astre de lumière semblait mourir à l'horizon, s'échouant sur le flan des montagnes qui se dessinaient au-loin. Il agonisait doucement, sans un cri, répandant sa lumière tamisée et sanglante sur le monde. A l'opposé, une petite boule blanche déposait son halo fantomatique sur une petite forêt d'arbres touffus. Lorsque les derniers nuages rouges se furent évadés à l'horizon, et que la Lune était haute dans le ciel, des buissons se mirent à s'animer doucement. Dans un petit bruissement, une silhouette sombre s'échappa de son couvert et leva ses grands yeux noirs vers le ciel parsemé d'étoiles. Ses longs cheveux chocolats dansaient lentement sous la brise nocturne, la Lune leur donnait des reflets argentés qui les rendaient presque irréalistes. La silhouette fine se faufila entre les arbres, sans un bruit, ses pieds nus ne produisant aucun son lorsqu'ils touchaient sol laissaient penser qu'elle volait. Pourtant, elle en aurait été bien incapable. Lorsque tout espoir est mort et qu'on n'aspire qu'à la vengeance, il est impossible de voler. Le cœur d'Eppryah, réduit à néant, était devenue si lourd qu'elle ne pouvait même plus rêver d'espoir. Elle avançait toujours, zigzaguant entre les arbres sombres. Avec la venue de l'été, l'air était étouffant, mais la mentaï était incapable de le ressentir, tout comme le froid ou la caresse d'une brise. Une biche passa devant elle en courant, et Eppryah entendit au loin le hululement d'une chouette qui guettait sa proie. Eppryah s'avança jusqu'à un arbre gigantesque, surement le plus haut de tous ceux de la forêt de Barail. Elle passa sa main entre un trou qui s'était formé entre les racines noueuses de l'arbre et en ressortie un magnifique collier d'opales violettes qu'elle attache autour de son cou.